La ville de Homs résiste à l’assaut des djihadistes qui sont bloqués par la ligne de défense établie sur le périphérique nord. Pour l’enfoncer, ils pourraient avoir recours à des kamikazes comme à Alep. Homs, ville à majorité alaouite aujourd’hui, est plus difficile à conquérir que les villes sunnites d’Alep et de Hama. L’aviation russe intensifie ses frappes sur la périphérie nord de Homs. L’armée syrienne a concentré ses forces sur ce carrefour stratégique. La chute de la ville signifierait que la route de Damas est ouverte. Cela serait aussi l’ouverture vers Tartous, la base maritime russe, et le pays alaouite. Mais, là les djihadistes ne sont pas du tout en terre amie.
Le sud de la Syrie a basculé. Un soulèvement général a emporté la province de Deraa, l’armée s’est retirée vers Damas pour assurer la défense de la capitale. Les « rebelles réconciliés » ne l’étaient pas tant que cela, d’autant plus qu’ils subissaient la vengeance sournoise du régime depuis la reconquête de Deraa en 2018. Maher al-Assad ayant repris par la force les petites villes qui bénéficiaient d’un statut autonome selon les accords entre les rebelles et la Russie. Les milices druzes de Soueida ont chassé l’armée syrienne et les moukhabarat de leur territoire. Ils témoignent leur sympathie à la rébellion, mais ne participent pas à la bataille contre le régime.
À l’Est, les FDS se sont emparés de Deir al-Zor, Mayadin et al-Bou Kamal, c’est-à-dire de la rive droite de l’Euphrate, qui était depuis octobre 2017 sous le contrôle du régime après la défaite de Daesh. La prise d’al-Bou Kamal, ville frontalière de l’Irak, constitue une importance considérable : l’axe iranien au Levant est coupé. L’armée syrienne et les milices chiites se sont retirées de cette région hautement stratégique par laquelle transitaient les armes iraniennes à destination du Hezbollah. Cela signifie également que l’Iran n’a pas l’intention d’envoyer de milices chiites irakiennes en Syrie pour soutenir Bachar al-Assad.
Une grande confusion règne à Damas. Bachar al-Assad semble avoir disparu, cela serait Maher al-Assad qui commanderait l’armée désormais. Mais cette dernière se trouve dans une grande confusion. Les officiers ne reçoivent pas d’ordre de leur hiérarchie. La rapidité de l’avancée djihadiste et le soulèvement à Deraa déstabilise le commandement, tandis que l’Iran et la Russie paraissent hésiter à venir au secours du soldat Bachar. Ont-ils compris qu’il n’avait plus aucune chance ? Au mieux, le régime alaouite pourrait-il se maintenir dans la région côtière, Homs et éventuellement Damas. Mais la capitale syrienne ne pourra pas être défendue très longtemps dans un environnement aussi hostile.